Pour tout bagage on a vingt ans
On a des réserv's de romans
Qu'on vend’rait pour un’ bouchée de pain
A des lecteurs sur son chemin
On voit enfin qu’un livre sort
Nouveau-né, il est bientôt mort
On s’en va pilonner c’qui reste
Un éditeur, ça déforeste
Un jour v’là les auteurs qui gueulent
Vos lecteurs qui vous laissent tout seul
C’est le temps du décourag’ment
d’une pandémie qui prend son temps
Pas moyen de tourner le bouton
De ce portable, on est marron
On veille devant Les mots d’Minuit
Annie Ernaux ! On baîlle d’ennui
Pour tout bagage on a vingt ans
Et un catalogue qu’on défend
On entend l’auteur qui soupire
Le libraire qui s’met à rire
Faire les salons, ça fait du bien
Même si les foires sont souvent loin
Mais il faut s’en payer des bornes
Quand on s’fait éditeur dans l’Orne
Pour tout bagage, on a la foi
du charbonnier, on porte sa croix
Roman, nouvelle ou poésie
C’est du livre en démocratie
Chacun sa chance avant l’rebut
On est à la tête d’une tribu
Chez Zinédi, y a pas d’problème
lire ou écrire, c’est ça qu’on aime
Et maint’nant qu’les auteurs sont grands
On en r’prendrait bien pour vingt ans...
Merci à François Gaudin pour cette libre adaptation de la chanson Vingt ans de Léo Ferré.
François Gaudin est professeur des universités. Professeur en sciences du langage à l’université de Rouen, docteur en histoire, il est membre du laboratoire Lexiques, textes, discours, dictionnaires.