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Parution du nouveau roman de Martine Gasnier

Par Le 27/05/2021

Affiche julien« Je ne suis pas un animal ! Je suis un être humain ! Je suis un homme ! » (John Merrichk dans Elephant man, le film de David Lynch)

Telle est la citation que Martine Gasnier a choisi de mettre en exergue de son quatrième roman Julien l’exhibé, qui vient de paraître aux éditions Zinéi.

Patrick Vincelet, professeur d’université, écrivain, passionné d’ethnopsychologie, dit dans sa préface : « Dès les deux premières pages, Martine Gasnier vous fait pénétrer dans le Perche normand de la fin du xixe siècle, monde rural pauvre, laborieux, loin des villes où règnent l’activité et la production, les distractions et le mouvement.

Les enfants de ce pays-là ne verront sans doute pas d’autres terroirs ou d’autres horizons que ceux qui permettront aux seuls conscrits de s’en échapper.

Le talent de l’auteur vous fait vivre les intérieurs des lieux, l’intimité des personnages, le déroulement de la vie quotidienne, jusqu’aux parfums d’ambiance et aux états d’âme révélés chez ces taiseux de constitution. Elle est inspirée d’un Giono qui serait de l’Ouest et d’un Balzac avec une psychologie de notre temps.

Dans ce pays du bout du monde où la culture n’a pas raison, naît un petit bonhomme, un pas fini qui n’atteindra que quelques longueurs de cigarettes pour toute hauteur et pour toute sa vie qui, faute de connaissances médicales suffisantes, sera courte. Un nain, dit-on. Il sera aimé sans réserve par ses parents, des sans-grade courageux, bons et tolérants [...]

C’est à un voyage au pays de l’humain que cette lecture, dont on se sent l’Obligé, va vous conduire. Julien est en humanité totale et quand il exhibe sa différence, il n’est que ton miroir, Lectrice et Lecteur. »

En vente dans les librairies qui soutiennent l’édition de création et en commande partout en France et à l’étranger sur commande.

Zinédi invité sur France 3 Normandie Ensemble c'est mieux

Par Le 25/05/2021

Les éditions Zinédi étaient invitées sur le plateau d'Ensemble c'est mieux" sur France 3 région Normandie. Le replay du 25 mai peut être vu en cliquant sur le lien de l'émission ci-dessous.

J'écris une nouvelle pour être lu

Par Le 15/04/2021

Le site conseilsdelecture organise du 27/02/2021 au 27/09/2021 un concours de nouvelles ouvert à tous et quel qu'en soit le genre. Seule contrainte : être entièrement originale et ne pas avoir été publiée.

Pour en savoir plus, cliquez sur ce lien : J'écris une nouvelle pour être lu.

Un jardin enchanté (villa Garzoni)

Par Le 12/02/2021

Dans le grand jardin qui dévale la colline, à l’ombre de ces arbres mythiques qui ne s’épanouissent que sous les caresses d’un soleil amoureux, on rencontre un peuple étrange dont la vie s’est figée il y a bien longtemps. Alignés sur des fenêtres ouvertes dans une haie de buis, des bustes d'empereurs romains tentent de défier le temps en rappelant au promeneur leur empire perdu. On peine à les nommer parce que notre souvenir s’est émoussé et qu’une certaine confusion s’est établie entre eux. On essaie de reconnaître les plus célèbres, ceux qui se distinguèrent par leurs vertus ou leurs vices et survécurent ainsi à l’oubli. Ils sont là, devant nous, outragés par les saisons, amputés d’une oreille ou du nez, la lèvre fendue et désormais privés de leurs yeux. Leur pouvoir s’en est allé comme toutes les vanités humaines. Ils ne sont plus que les vestiges d’une Antiquité de pacotille, celle des péplums et du mélodrame qui fait pleurer dans les chaumières. On s’attarde quelques instants, pris d’une singulière pitié. Puis sans y prendre garde, on s’éloigne, déjà oublieux des Césars parce qu’un oiseau s’est mis à chanter, nous ramenant à la réalité bien douce d’une promenade enchantée. On écoute bruire la nature, on s’arrête pour regarder un papillon en habit de bal se poser sur une fleur intimidée par tant d’éclat et l’on parvient, en musardant, à la grotte où s’abriter de la chaleur sera notre récompense. De vasques de marbre surgissent des animaux marins, chevaux hennissants et poissons joufflus guidés par Neptune accompagné de naïades. On s’attend à jouir du spectacle désaltérant de l’eau, on s’apprête à en écouter le murmure quand on s’aperçoit que cet univers aquatique n’est plus qu’un mirage. La bouche des bêtes s’est asséchée, elles n’ont plus rien à offrir aux bassins devenus inutiles. Là où naguère coulait la vie, règne aujourd’hui la mort. Mais, étrangement on ne cherche pas à fuir. On s’assied sur un muret incrusté de coquillages et on donne libre cours au vagabondage de son esprit. Des âmes s’envolent vers des rendez-vous dont nous ne saurons rien. On les interpelle pour savoir qui elles sont. Notre prière reste sans réponse. Alors on sort et, par les allées où l’ombre est avare de ses bienfaits, on rejoint les bassins en terrasse qu’alimente une redoutable Renommée soufflant dans sa trompette. Elle annonce, à qui veut l’entendre, les mérites des uns, les turpitudes des autres, avec une jouissance toujours renouvelée. Aucune trace de fatigue ne se lit sur ses traits et la passion qui l’anime demeure intacte. Elle ne sera jamais vieille. On se tient à ses pieds en songeant que, par son souffle tout puissant, elle pourrait anéantir nos efforts de vertu. Drôle de messagère qui érige des piédestaux pour mieux les faire tomber quand l’envie lui en prend. Dans la lumière d’or, elle apparaît comme la maîtresse de nos destinées et nous en sommes troublés mais pas inquiets. Il règne sur le jardin un enchantement qui nous soustrait à toute crainte. Ici le mot réputation a perdu son sens. Le monde tel qu’il va n’en franchira jamais la grille.

Extrait de Carnets d'Italie ©Martine Gasnier

Jardin villa garzoni 1Jardin villa garzoni 2Jardin villa garzoni 3

Sans abri, poème de Claude Sarrassat

Par Le 11/02/2021

Sans abri

Au ciel s’effilochent les nuages
Tourmentés par le vent d’hiver.
Un froid dur glace les visages
Des gens dont le pas s’accélère.

Ils regagnent leur domicile,
Auprès du feu, ils auront chaud.
L’ombre a envahi la ville,
Dans la rue les volets sont clos.

Couché dans sa boîte en carton,
Attendant que le jour se lève,
Un homme se blottit au fond,
Avec la crainte qu’on l’enlève.

Ses yeux regardent les étoiles,
Il sent son esprit s’engourdir
Car le sommeil étend sa toile.
Il doit lutter, ne pas dormir.

Quand le matin, un soleil pâle,
Vint éclairer le sol gelé,
On découvrit, triste et banal,
Le corps d’un homme inanimé.

© Claude Sarrassat, février 2021

Nous, les gosses - Un quartier de Paris sous l’Occupation
Nous, les apprentis

Un soir à Lecce par Martine Gasnier

Par Le 26/01/2021

La nuit tombée, sous la lumière des projecteurs, la place se fait décor pour un théâtre de la déraison. On se laisse emporter dans un tourbillon baroque d'anges potelés jouant à se parer de guirlandes de fleurs en compagnie de créatures fantastiques échappées de mythologies plurielles. On se perd dans les plis d'étoffes minérales que revêtent de jeunes femmes sensuelles prêtes à tous les plaisirs. Demeuré dans l'ombre quelque démon tentateur murmure des promesses d'éternité auxquelles on croit soudain parce qu'une force a miraculeusement aboli le temps que l'horloge du campanile continue de rythmer, en vain. On s'est absenté sans le vouloir vraiment de la réalité. Il flotte dans notre mémoire des bribes de souvenirs confondus en un même songe. C'est le prélude d'un opéra dont les notes emplissent la nuit, des mots oubliés qui renaissent, des sourires ressuscités. On succombe à une joie inconnue et l'on poursuit une errance que l'on souhaiterait sans fin. Les promeneurs, rares à cette heure tardive, ne sont plus que des silhouettes fantomatiques et muettes traversant notre rêve sans le déranger. Nous sommes étrangers à tout ce qui n'est pas la beauté troublante que nos yeux avides dévorent pour la garder comme un trésor au fond du cœur. Où serons-nous demain ? Ailleurs sans doute car la vie n'offre que peu de répit. Bientôt, elle nous arrachera à ces instants d'absolu pour nous réapprendre la vie ordinaire, celle qui fait baisser la tête en s'excusant de tout. L'urgence s'impose alors de rassasier nos sens et d'y puiser la certitude que rien n'est encore perdu. Nous quitterons les lieux rassérénés pour nous enfoncer dans les rues désertes bordées de palais aux façades richement ornées. Les cariatides en sont le fleuron. Déesses sculptées dans la pierre si tendre qui habille la ville de sa couleur de miel, hommes à la musculature puissante, capables de supporter le poids des siècles destructeurs. On s'arrête pour entendre leur histoire toute bruissante de fêtes et d'intrigues. Et dans ce bienheureux tête à tête, nous formulons déjà le vœu du retour pour conjurer la douleur d'un inévitable adieu à la cité sortilège.

Extrait de Carnets d'Italie ©Martine Gasnier

Lecce -vue de nuitLecce - cariatideLecce - détail

Vices et vertus, poème de Claude Sarrassat

Par Le 20/01/2021

Vices et vertus

Les vertus décidèrent un jour,
De s’affranchir de tous les vices
Qui séduisaient par leurs discours
En recourant aux artifices.

Certaines se disaient cardinales,
Justice, tempérance et prudence,
D’autres se voulaient théologales,
Charité, foi et espérance.

La charité conçut le plan
D’exterminer jusqu’au dernier,
Les vices les plus malfaisants,
Sans aucune once de pitié.

La tempérance et la prudence
S’enfoncèrent, sans raisonner,
Dans les bas-fonds de la licence
Pour dénicher les vices cachés .

La foi chancelante et molle,
N’envisageait que des miracles
Et l’espérance toujours folle,
Alla consulter les oracles.

Avec de pauvres résultats,
Les vertus s’épuisaient en vain.
La justice dit que le combat
Etait contre les vices sans fin.

© Claude Sarrassat, janvier 2021

Nous, les gosses - Un quartier de Paris sous l’Occupation
Nous, les apprentis

Conte de Noël

Par Le 20/12/2020

Cette année-là, le monde préparait Noël sous la menace. Un être maléfique, dont on ne savait rien, régnait sur terre et répandait la terreur. Certains disaient que des apprentis sorciers, dans des contrées mystérieuses, l’avaient créé en jouant avec des éprouvettes. Forts de leur trouvaille, ils avaient libéré leur créature pour mettre l’humanité à genoux. D’autres, comme au bon vieux temps, évoquaient la colère divine et réclamaient des cérémonies expiatoires. On chercha des boucs émissaires et l’on en trouva. Mais comme la civilisation était passée par là les imprécations demeurèrent virtuelles. On n’eut à déplorer aucun bûcher. Les savants eux-mêmes y perdaient leur latin et le peuple, dubitatif, n’y comprenait plus rien. Il semblait qu’on ne pût combattre la morosité qui, peu à peu, s’était installée sous les masques. On s’apprêtait à vivre des fêtes amputées de leur âme. Seuls les enfants croyaient encore au miracle. Et il eut lieu. Dans toutes les maisons, le Père Noël avait déposé pour eux, au pied du sapin, un livre merveilleux. C’était, dans un pays qui ressemblait au leur, l’union des petits et des grands pour terrasser l’ennemi invisible. À la dernière page, la victoire était assurée. Le covid gisait tout aplati. Autour de sa dépouille une ronde endiablée s’était formée.

© Martine Gasnier